Mariana - Des bas fond au haut du panier en une signature

Si Connor Morrow n’était pas rentré dans ma vie un jour, j’aurais suivi la même voie que celle montrée par ma mère. J’aurais peut-être également eu le même destin tragique. Ma mère, à ma naissance, était une pute du gang des Six. Elle n’avait pas eu le choix, comment peut-on devenir une femme bien, mère de famille et avec un bon travail, quand on nait du mauvais côté de la frontière ? Trisha Hernandez était une jeune mexicaine, passée illégalement aux Etats-Unis, grâce au fameux gang. Elle pensait sûrement qu’elle toucherait le rêve américain par delà les belles paroles de son rabatteur. Car c’était bien de ça qu’il s’agissait. Connor, celui qui est aujourd’hui ma seule famille, a toujours tenté de me cacher la vérité, mais les putes parlent et elles aimaient bien ma mère, donc elles m’ont racontée son histoire. Dernière fille d’une famille de trois enfants, choyée, aimée, désirée, mais la jolie mexicaine étant née aux mains d’un cartel a très vite compris la dureté de cette vie. Elle a réussi à s’en échapper, suivant le premier beau parleur qui l’a séduite, pour finir violée et humiliée à maintes reprises avant de pouvoir, un tant soit peu, vivre comme un être humain. Est-ce que j’en veux aux Six ? Il y a des jours où je les détestais quand j’étais gamine, parce que c’est de leur faute, dans un sens que ma mère est morte. Mais dans l’autre, ils sont devenus mon unique famille à son décès. L’un d’eux m’a adoptée, m’a aimée telle sa propre fille, passant même chacun de mes caprices, chacun de mes pleurs d’un cadeau. Puis, aussi petite que j’étais, j’ai traîné dans leurs pattes. Leurs femmes s’occupaient de moi quand je n’étais pas à leur QG à dessiner dans mon coin.

Mais je n’avais que quatre ans. J’étais encore toute petite ! Le number, à ce moment-là, a changé totalement de vie pour adopter une petite mexicaine avec qui il n’avait rien à voir. Juste par bonté d’âme ! C’est lui qui m’a fait réalisé que même si les Six font des choses horribles, rien n’est jamais tout blanc ou tout noir. Gamine, j’étais assez dissipée, j’avais du mal à me faire des amis. J’étais différente des autres, je ne vivais qu’avec un papa et les parents de mes petits camarades de classe ne l'aimaient pas trop ou le craignaient. Vous voyez le tableau. Mais je m’en foutais, je me mettais seule dans mon coin et je dessinais. Très vite, j’ai dessiné tout ce que je voyais et plus le temps avançait plus c’était une passion dans laquelle je m'occupais quand ça n’allait pas. J’étais douée, très douée ! J’avais, et j’ai toujours maintenant, un cahier de croquis dans mon sac, avec moi, où que j'aille. J’aime dessiner, ça me calme, ça me procure cette sensation de liberté que je recherche, cette sensation également d’être seule sur terre quand j’ai besoin d’évasion. Enfin, une fois arrivée à l’adolescence, j’ai changé. Mon corps a changé et moi aussi ! Autant mes formes naissaient, autant mon caractère bien trempé se faisait découvrir. Je ne me laissais pas faire et pire encore, je ne supportais ni l’injustice, ni le harcèlement. J’étais dû style à prendre les plus faibles sous mon aile. Ça m'a valu d’être plus appréciée, plus regardée et puis, je ne vais pas mentir, je devenais assez jolie. J’aurais dû être aveugle pour ne pas le voir. Alors même si au début de mon adolescence, je cachais mes formes sous de gros pulls difformes et des pantalons bien trop larges, quand je suis entrée au lycée, j’ai appris à m’en servir. Je jouais de mes atouts quand je n’avais pas eu le temps de faire mon devoir la veille, je savais comment faire chavirer le cœur du premier de la classe pour qu’il me file son devoir que je n’avais qu’à reproduire avec quelques fautes pour ne pas me faire choper. Puis, je savais également comment faire tourner la tête des quelques gars, qui étaient importants. Les quarterbacks, parce que oui, vous pourriez avoir du mal à le croire, mais j’ai été la leader des pom pom girl, sortant avec le magnifique quarterback que j’ai laissé tombé dès que j’ai appris que j’avais la chance d’entrer en fac de médecine. Je n’avais plus besoin de ce boulet entre les pattes. Les hommes, d’aussi loin que je me souvienne, n’ont jamais été pour moi autre chose que des moyens d’arriver à mes fins. J’ai déjà eu des petits crushs, des coups de coeur passager, mais jamais aucun n’a réussi à trouver sa place dans ma vie et mon coeur. Je plains celui qui tentera le coup et pire encore, qui y réussira.

La faculté de médecine, un lieu divin, où j’ai passé les meilleurs et les pires moments de toute ma vie. Dix ans de ma vie où j’ai appris à la dure quelquefois que je devais toujours garder la tête haute, bomber le torse et sourire même quand ça n’allait pas. Dix ans pendant lesquels j’ai mis ma vie sur pause, enchaînant les stages, les nuits à étudier, les plans cul pour ne pas décrépir, les doutes, les insomnies, les questionnements imbéciles sur ma vie future. Mais j’ai tenu bon et j’ai avancé. Il n’y a qu’une seule nuit que je n’oublierai jamais et qui fera toujours partie de ma vie. J’étais partie en ville avec des filles et des gars de ma classe. D’autres internes dans le même domaine que moi à ce moment-là, j’avais 27 ans, c’était ma dernière année. Connor, mon père adoptif, était devenu Judge pour les Six et moi, je leur étais dévouée. A un moment, je suis sortie seule pour téléphoner et je me suis faite abordée par un type que je ne connaissais pas. Il m’a demandé une clope, ne fumant pas, je l’ai vite envoyé bouler. Mais ils sont arrivés à quatre à bord d’une voiture, avec les couleurs des Ninety Nines. J’ai voulu rentrer dans le bar pour retrouver mes collègues et amis, mais j’ai été tirée vers la voiture où je me suis retrouvée, hurlant à plein poumons. Les quatres savaient très bien qui j’étais. Ils me connaissaient car ils m’ont appelée par mon nom d’adoption. Ils ont un peu joué avec moi, insistant sur le fait que la prochaine fois, je passerai à la casserole, avant d’être butée. Mais là, ils avaient, d’après leurs mots, besoin de moi pour délivrer un message à mon paternel. “ Ils pouvaient m’attraper, me faire du mal, me briser, me tuer quand ils le voulaient. Il devait se retourner contre son gang pour me protéger ! “ Ils m’ont ensuite jetée sur le bord de la route, non loin de la plage. J’étais mal en point, mais vivante et déterminée comme jamais à ne rien dire. Je savais que si je parlais, Connor aurait fini par faire une connerie pour me protéger. Je sais très bien que jamais, ô grand jamais, il ne trahirait les Six. Il est loin d’être con, mais je sais qu’il se serait sali les mains pour moi, il aurait tué pour moi. Et je ne voulais pas être source de peur ! Alors je me suis tue. J’ai appris à me battre, j’ai appris à tirer à l’arme à feu, j’ai d’ailleurs un permis en règle au cas où quelqu’un me toucherait et un spray au poivre dans mon sac. Je suis parée. Et plus jamais je n’ai pris de risque inconsidéré. Je suis une femme forte et intelligente. Je sais comment marche le monde dans lequel j’évolue !

A l’heure actuelle, je vis dans une petite maison, faisant parti d’un clos assez sécurisé, proche de la mer sur Santa Monica. Je suis médecin légiste pour l’hosto de la ville et je suis une des meilleures. Je sais faire parler, ou faire taire, les morts comme je le souhaite. Au nom du gang, j’aide, je transforme ou cache la vérité. Je ne suis pas réellement dans les rangs des Six, sinon je ne pourrais plus bosser sur certaines affaires, je devrais m’en tenir aux cadavres, aux meurtres, etc qui n’ont rien à voir avec le monde du crime organisé et ça, je ne peux pas me le permettre. Je suis loyale aux Six, totalement loyale ! Je côtoie un Numbers depuis quelques semaines. On s’envoie en l’air, on s’apprécie de plus en plus, mais rien de romantique, juste du bon temps sans promesse et ça me convient parfaitement. Je continue le dessin et j’ai d’ailleurs de moins en moins de place sur les murs de ma chambre où j’ai épinglé plusieurs d’entre eux, comme une bande dessinée expliquant ma vie et ce que j’aime. Par contre, il y a une chose importante que je n’ai pas encore fini et qui ne se finira que lorsque j’aurai brisé une vie, celle de l’homme qui a tué ma mère. Je me suis promis depuis tellement d’années que je découvrirai qui est cet enfoiré, qui a programmé cette exécution. Je vais lui retirer ce qu’il a de plus cher au monde, je vais le dépouiller lui aussi de ce qu’il aime. Je le promets ! En attendant, je cherche ! Et j’avance au sein de ma famille de coeur !