C’est drôle, le choix qu’on a fait pour ton prénom. Dahlia. Cette référence au dahlia noir semble te coller à la peau partout où tu passes. T’es pourtant pas du genre à te mettre des fleurs dans les cheveux, encore moins à rêver de strass et de paillettes, de glamour hollywoodien. Pour ce qui est de la consommation d’alcool en étant mineur… ok, là tu plaides coupable. Pourtant, malgré ton train de vie, malgré les épreuves que tu as traversé, il est hors de question que tu finisse comme cette idiote d’Elizabeth Ann Short. T’es plus coriace que ça toi, Dahlia. Finalement, peut-être que tes parents ne connaissaient même pas cette histoire et faisait simplement référence  ce à cette fleur charnue et colorée. Là encore, on est loin du compte.

Tu avais sept ans, et ton frère Aleksander en avait neuf,  quand vos parents ont choisi de quitter la Bulgarie pour émigrer aux États Unis. A Los Angeles plus précisément. Une nouvelle vie pour vous, pour toi. C’était un tournant marquant dans ta vie. Un changement gigantesque pour une petite fille. Pour quiconque en réalité. Mais tu t’es adapté plutôt rapidement. Maîtrisant rapidement la langue, tu as su t’intégrer et de faire ses camarade. Loin d’être timide ou craintive, tu as toujours été d’une nature avenante et d’une grande douceur, même étant enfant. Tu t’attires assez facilement la sympathie des gens. Mais si quelqu’un avait le malheur de t’embêter, Aleks était là pour remédier à la situation. Ton frère était tellement différent de toi. Il a eut beaucoup plus de mal à s’intégrer. Pourtant, vous êtes comme cul et chemise tout les deux. Il est ton meilleur ami. Vous vous êtes soudé davantage quand vous avez perdu votre mère quelques années plus tard. Ce fut l’une des pires épreuves de ta vie. Enfin.. c’est ce que tu pensais à ce moment là. Malgré tout, tu as tenu la famille à bout de bras. Vous grandissez, et Aleks se referme  encore plus sur lui même. Il commence à avoir de mauvaises de mauvaises fréquentations. La ville étant depuis longtemps déjà gangrenée par la violence, l’insécurité et les gangs, ton frère finit malheureusement par rejoindre l’un d’eux. De ton côté tu t’occupes comme tu peux de ton père dévasté par le chagrin de la perte de l’amour de sa vie. Tu te souviens quand lorsque tu étais petite parfois, ton père était assit sur ce vieux fauteuil en velours couleurs brique, il lisait le journal. Ta mère était assise sur le canapé en cuir marron à côté de lui, elle lisait un romans. Et toi tu t’asseyais en haut des escaliers pour les regarder. Parfois ils échangeaient un regard, et ils avaient l’air sereins, apaisés. Et tu te disais alors que c’était à ça que ressemblait l’amour. A la maison, tu faisait la cuisine, le ménage, tu t’occupais des papiers, des factures, de tout ce qui devait être fait. De tout ce que ta mère gérait de son vivant. Aleks lui participait en ramenant de l’argent à la maison. De plus en plus l’argent au fil des mois, des années. Tu savais que c’était de l’argent sale, mais vous n’aviez pas vraiment le choix.

Quelques années plus tard, ta voilà diplômée, en route pour la fac. Tu passes quelques années à Boston, étudiant le commerce international. C’est à cette époque que tu rencontre Adam. Jeune homme ambitieux, plein d’avenir, joyeux et doux. Tu tombes amoureuse, et après vos études, vous décidez de vous installer définitivement à Los Angeles. Il y’a énormément d’opportunités professionnelles pour lui et pour toi, et surtout, tu vas pouvoir t’occuper de ton père et de ton frère. Adam trouve le boulot de ses rêves ici, et tu fais aussi un boulot qui te plais au sein d’une multinationale japonaise installée à L.A. Tu lui dis oui l’année suivant. Un mariage heureux, merveilleux, tu aurais tellement aimé que ta mère soit là ce jour là.

Tu décides de t’engager dans l’humanitaire, tu mets en place plusieurs actions bénévoles au sein de ta ville, tu organises régulièrement des maraudes dans les quartiers les plus pauvres de la Los Angeles. Aujourd’hui, tu connais beaucoup de membres de gang, pas que vous soyez amis ou que vous vous côtoyez, mais tu intervient régulièrement sur les quartiers où ils sont basés. Tu ne cherches pas à interférer ou à nuire à leurs affaires, de toute façon tu ne le pourrais pas. Toi tu es là pour aider ceux qui en ont besoin dans ces quartiers, rien de plus. En plus, tout le monde sait que tu es là sœur d’Aleks, et il est plutôt respecté dans le milieu. Alors ils te laissent agir sur leurs territoires, sécurisant même parfois tes interventions lorsque cela s’avère nécessaire. Finalement, ton travail était assez apprécié. Certains te saluaient même à présent. Au fil des années, une forme de respect mutuel s’était installé entre toi et les gangs.

Ta vie bascule à nouveau lors du pire jour de fin existence. Vous aviez acheter une jolie maison dans un quartier résidentiel de la ville. Malheureusement, des défauts dans l’installation électrique ont provoqués un incendie. Tout est allé tellement vite. La fumée toxique t’avais fais perdre connaissance. Tu as peu de souvenirs de cette nuit là. Ou alors ton cerveau refuse de se remémorer. Ce dont tu te souviens c’est que tu as perdu l’amour de ta vie cette terrible nuit. Les jours qui ont suivis ont Êtes flous, tes nerfs avaient complètement lâchés, tu avais même dû être hospitalisée quelques jours. T’es dévastée, anéantie, ravagée. Et bien que ça fasse près d’un an maintenant, et que d’apparence, tu semble aller mieux, tu as repris un train de vie, un quotidien, à l’intérieur, la plaie reste béante, et tu crois que jamais, jamais tu ne t’en remettra vraiment.

Aujourd’hui, ce n’est plus toi qui tiens la famille à bout de bras mais l’inverse. Ton père et ton frère sont d’un soutiens sans failles. C’est pour eux que tu ne perds pas complètement pied, c’est pour eux que tu continue de te battre aujourd’hui. Pour eux et pour tout ces gens qui comptent sur toi. Pourtant, tu ne sera plus jamais comme avant, quelque chose s’est brisé en toi à tout jamais. La vie reprend son cours, tu recommences les missions au sein de ta ville, tu as besoin de ça aussi pour tenir. Ta vie semble à peu près normal à la différence qu’il n’est plus là… Tu te sens tellement seule par moment, parfois t’as encore du mal à réaliser que plus jamais tu ne le reverra. Celui que tu vois un peu trop à ton goût en revanche, c’est ce pompier. L’homme qui t’as sauvé la vie la nuit de l’incendie. Il t’as sauvé la vie et a laissé périr ton mari. Et pour ça, tu le méprise au plus haut point. T’ignore pourquoi tu tombes régulièrement sur lui, mais cette situation ne te plais pas du tout, et tu comptes bien le lui faire comprendre. Jamais tu ne lui pardonnera.