même pas l'aîné. une pièce de plus dans la grande équation owens. gamin des rues, famille des quartiers. oncles, tantes et cousins s'associent pour former ce tout. ça hurle à travers les couloirs insalubres du bâtiment. ⎯ il est où ce p'tit con ? gamin turbulent, disparaissant à la moindre occasion. le besoin de suivre les grands, l'envie de faire comme les autres à la recherche de la vibration de plus. mains dans le cambouis le matin. l'après-midi, les esprits s'échauffent pour ouvrir les yeux et gueuler le nom d'code quand les sirènes s'agitent dans ses pupilles. guetteur d'une rue, guetteur d'une vie. enfoncé petit à défaut de trouver une autre porte de sortie.
les possibilités étaient pourtant là, étalée devant les iris. faire comme l'oncle gavin et réparer des caisses. autre branche déjà exploitée de la famille dans laquelle il s'est glissé gamin - comme tous les autres venant d'ici. watts & compton dans l'sang comme ses frères et soeurs, qu'ils partagent le même sang ou pas.


premier haut fait, pour s'inclure comme les autres. peu importe que bidule owens ou machin owens soient déjà un grand nom du gang organisé. qu'importe le piston, tout l'monde à la même enseigne. quelques glissements de terrains pour s'octroyer le droit de porter du vert et noir. gamin des rues se glissant derrière un représentant du capitalisme et de ses méfaits, bombe de peinture armé. un pschiiit pour les réveiller, un pschiiit pour les marquer et devenir l'un des leur. devenir un niners.
fierté sur les traits pendant que la daronne s'inquiète de la suite. peu importe. ce n'est pas le premier et ça ne sera certainement pas le dernier.


première course, premier go fast. passer une frontière en gardant le sourire. des mots espagnols batifolant à ses tympans pour lui rappeler qu'ici, ce n'est plus chez lui. regards troublés, respiration retenue mais cargaison chargée. les phalanges tatouées enroulées autour du volant de cuir pour commencer ce périple. tout donner, pour prouver sa valeur. tout donner, pour eux. ramasser la thune, aider le gang, assoir leur domination sur leurs quartiers. rien d'plus simple que de conduire. vite et bien.
esquiver les contrôles.
observer les alentours rétrécis sous l'effet de la vitesse et prier pour sortir vivant. embrasser la croix autour du coup une dernière fois, envoyer une prière pour s'assurer son retour. si l'être puissant existe, c'est maintenant ou jamais.
réussite tonitruante. gamin guetteur devenant coursier pour son plus grand bonheur.


passion exquise pour tout c'qui brille. regard agrippé aux bijoux, montres et peinture métallisée. des rêves et fantasmes s'enroulant autour de l'âme. l'envie d'avoir plus, l'envie d'voir gros. un geste pour se glisser entre les caméra. cambriolage mené par un autre, mais bijou glissé dans sa poche. propre consommation. l'appât du gain qui lui vaudra un détour par le poste, des semaines plus tard.
capuche qu'on lui retire de forces. la flicaille s'octroyant le droit de l'approcher. kione rejette, se bat avant d'être maîtrisé. regard fou s'activant jusqu'à glisser dans ses iris aux couleurs océans. t'es foutu. seule pensée cohérente quand elle a décidé d'intervenir, la poupée. manucures parfaite, tailleur excessif. pas l'même monde, pas les mêmes buts. et pourtant, sans elle kione aurait pris du ferme.


ça tourne mal.
chargement en place, à ramener. les sirènes s'activent derrière lui. les gants se pressent autour de ses phalanges. pas l'choix. il doit ramener la cargaison. il ne doit pas s'faire prendre. y'en a pour des milliers d'euros. une vingtaine d'années de prison, minimum. course folle, éreintante. accélérer pour diviser. accélérer pour les perdre. collègue assis à ses côtés hurlant des droites et des gauches pour semer la turbulence. sans succès jusqu'au barrage les arrêtant. collègue soufflé comme meilleur ami s'agitant dans son siège, refusant de mettre un seul pied en prison. insanités s'échappant de ses lippes mortifiées, pas le temps de l'arrêter. arme en main, pied sur le bitume. kione ne rappellera toute sa vie des bruits d'impacts sur le corps de son meilleur ami.
un impact dans l'épaule le réveillant, sorti de sa torpeur. myocarde à bout de souffle. une arme entre les doigts pour tirer, évacuer et s'échapper. voiture déglinguée ramenée jusqu'aux nourrices pour souffler la cargaison avant de finir dans un coin paumé. l'odeur de l'essence agressant pour la première fois les narines. l'odeur des flammes s'activant dans ses pupilles lui rappelant que la vie peut être courte.


musique agressive mais obsessionnelle qu'elle lui souffle à chaque regard. le besoin de la faire taire comme de la vénérer s'activent sous l'épiderme de kione. incapable de lui refuser quoique ce soit. il se déteste d'être ce truc, ce trophée. son trophée. il se déteste d'ouvrir les bras à l'ennemi numéro un.
putain de manipulation qu'elle maitrise sur le bout des doigts. poison ancré sous l'épiderme du bandit, inapte à tout sursaut d'esprit pour reprendre le morceau de contrôle. il lui appartient. et il aime ça.
passion dévorante, obsession nouvelle, possessivité agressive. brutalité des mots et des gestes. toxicité s'accumulant à chaque interaction, se taisant quand les corps s'échauffent et ne forment plus qu'un.
son appartement, pour le répit. son appartement pour détruire son âme.