Christmas has me feeling extra Santa-mental. || Nives



Christmas has me feeling extra Santa-mental. || Nives

Valery Nicholson
Valery Nicholson
Serment d'hypocrite
Avatar : Matthias Schoenaerts
Age : 46
Occupation : ancien chirurgien cardiothoracique reconverti vétérinaire. Propriétaire d'une clinique plantée à Santa Monica.
Localisation : Entre Santa Monica et Venice, où il vit. Où les Six ont leurs repères.
Affiliation : médecin des Six, l'éthique et la morale basses.
Autres :
Crédits : chandelyer (avatar et profil) | awona (signa)
   



Christmas has me feeling extra Santa-mental.
@Nives Milkovic



Une semaine avant Noël

Le paysage de Ridgway défilait à travers les carreaux embués du taxi. Le nez collé à la vitre, les yeux vides de toute envie de continuer à vivre, Valery voyait son avenir à court terme s’assombrir comme les décorations de Noël se densifiaient à l’approche du centre ville. Un long soupir déchira ses poumons, et il tendit à l’aveugle son verre vide sur la gauche, en direction d’une Antonina qui s’empressa de le remplir à grands renforts de rhum réserve. Le chauffeur avait pesté la première fois qu’il avait entendu le bouchon de la bouteille sauter, mais la poignée de dollars conséquente qu’on avait fourrée dans sa main avait eu raison de ses protestations.

« Oh … »

Le ton de mauvais augure de la manager fit immédiatement se raidir d’inquiétude le chef pâtissier. S’il ne dégrisa pas réellement, il trouva les forces nécessaires à rouler du crâne sur l’appui-tête pour lancer un regard interrogatif à son alliée de toujours. De ces deux dernières années, tout du moins, sa prédécesseur ayant été congédiée suite à l’annonce de sa grossesse.

« Rien.
- Quoi, insista-t-il froidement en lui lançant un regard assassin.
- Rien.
- Toni. »

Dans un geste ample et maladroit, le quadragénaire tenta de confisquer l’iPhone dernière génération que son ultime soutien professionnel et mental venait de baisser, de peur que ses yeux gris ne dérivent sur l’écran. Mais la manœuvre échoua misérablement, et quelques gouttes du précieux liquide ambré les éclaboussèrent. Dans un bond, Valery se précipita à l’autre bout de la banquette arrière, chahutant, moulinant dans le vent pour s’emparer du téléphone jusqu’à ce qu'Antonina, acculée, la joue de son employeur et client collée contre la sienne, l’autre moitié de son visage écrasée contre la vitre froide et humide, elle confesse en hurlant :

« La chaîne a signé Joyce pour te remplacer.
- Redis-moi ça ? »

Il recula, retrouva sa place en passant une main dans ses cheveux pour les lisser vers l’arrière, incertain de ce qu’il venait d’entendre. Son âme, pourtant, cahotait déjà d’une nausée écœurante à l’évocation de son ex-femme.

« Temporairement.
- Ils se foutent de ma gueule.
- Val …
- C’est moi qui l’ai créée. Il claqua sa paume contre le siège devant lui. Je lui ai tout appris. Elle existerait pas, sans moi. Et ils veulent lui donner mon émission ?
- Juste le temps que le scandale passe.
- Que le scandale passe, cracha-t-il en égo en se renfonçant dans le cuir de son assise. Qui te l’a dit ?
- Eric ... »

La mâchoire du prodige de la pâtisserie se crispa brusquement. Ses épaules se soulevèrent dans une longue inspiration. Un bras croisé sur son torse, il pinça l'arête de son nez en se risquant à demander :

« Il se la tape ?
- Je sais pas …
- Tu sais toujours tout. »

Antonina ne répondit pas, et le silence qui s’installa entre eux noua le bide du blond d’une aigreur mauvaise. Il clapa sa langue contre son palais et tourna le visage en direction du paysage qui défilait moins lentement à présent que le taxi ralentissait sa course. Dehors, la neige ajoutait à l’insupportable cachet de la petite ville, flanquant une furieuse envie de fuir aux deux passagers qui ne quittaient d’ordinaire Los Angeles que pour d’autres métropoles du même gabarit.

« Vot’ destination, annonça le chauffeur en tirant le frein à main et posant sa main sur la poignée de porte. »

Il s’extirpa de l’habitacle, son départ charriant à l’intérieur une odeur douce et sucrée de biscuits de Noël et de températures négatives. L’exilé se tira du pot de yaourt à son tour et porta le regard sur la devanture d’un salon de thé dans lequel il avait passé une vie entière, lorsqu’il était enfant. L’établissement, alors tenu par leur grand-mère, avait vu ses premiers échecs de pâtissier, mais surtout ses premières réussites. Celles sur lesquelles il s’était appuyé pour construire une carrière, une réputation, et la meilleure émission de compétition de desserts du pays. La petite clochette qui surplombait la porte d’entrée, à l’intérieur, carillonna comme Nelly sortait en trombe de l’héritage familial qu’elle avait repris au décès de leur mamie. La grande blonde se précipita vers son cadet, qu’elle embrassa avec le manque de délicatesse qu’on lui connaissait bien. Gauche, brute mais volontaire, Cornelia avait toujours représenté, dans l’esprit de son frère, l’aspect rustique cultivé à Ridgway.

« Viens, rentre, ordonna-t-elle en pressant le benjamin vers l’intérieur et en faisant signe à la manager de les suivre. Elle demanda à voix basse en reniflant l’air autour d’eux : t’as bu ?
- Juste une bouteille.
- Val … »

À nouveau la clochette s’anima. Le blond fut précipité dans le salon de thé vide  de toute âme et installé de force sur une chaise au tissu rayé de blanc et de rouge, comme une canne à sucre.

« Je vais te faire une infu. Toni, une infu ?
- C’est à dire que … Les bagages.
- Oh, tu peux lui dire de tout déposer dans un coin.
- Mhm …
- Nives ! La propriétaire des lieux beugla plus fort encore : Nives, viens ! Se tournant vers son frère, elle précisa : c'est ma nouvelle chef pâtissière. Tu vas l'adorer. Elle a un talent monstre ! »

Valery pressa ses doigts à ses tempes pour faire taire la migraine qui menaçait déjà de faire éclater son crâne.