Green Light (ft. Riley)

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Green Light (ft. Riley)

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Green Light
angelo & riley

Sur le sillage des sales vices, Angelo se fond mutique dans le triste cérémonial nocturne. C’est la procession des engeances bafouant les chambrées ternes et sans vie, usées de couleurs vives et de rires perclus. Sans que rien ne l’émeuve ni ne le secoue, Angelo, pourtant, sublime son faciès du voile sombre des pensées. Il acquiesce en silence les propos des autres démons lui servant d’hommes de main et s'enquérant de l’état de la “marchandise”, retient sa conscience charriant la boue stagnante de ses pensées ; l’arrivage lui semble terne, ce soir. Et puis, subsiste aussi la sensation de s'être fracassé dans les fanges des impondérables, lorsqu’il ressent dans les tripes ce petit quelque chose, ce grand rien de vide et de sale prescience, que rien ne se déroulera comme prévu. «  Elles sont toutes là. » L’odeur du cuir embaumant la berline se dégage hors du véhicule lorsqu’il déroule son corps pour en sortir, la basane se fend sous un silence lourd de gravité. Engoncé dans son costume sur mesure, Angelo a de l’allure ; il est aisé alors de signer un pacte avec le diable. S’aveugler face au système des nantis phallocentrés, putain que c’est facile. Que c’est grisant. Gérer, le business et ses toxicités, ça ne lui soulevait foutrement aucun état d’âme lorsqu’il rompait les filles à coup de reins “pour les mater”, qu’ils disaient. Ce soir pourtant, y a quelque chose qui déconne. « C'est quoi cette merde ? » La pupille froide ne vrille pas, lorsqu’elle saisit la découpe de cette silhouette putain. Elancée et svelte, elle supporte dans sa cambrure un petit rien dessinant un ventre semi-rond. A peine visible. Mais lui, le voit. S’en agace. « On avait dit “vierges”, et vous me dégainez la puta de Santa Maria ! » La contrariété se contorsionne en plein dans la figure de la concernée ; elle semble se tordre, nuque courbée, dos rond, s’étouffe dans une déglutition modérée. Affaiblie par le froid lui mordant la peau, par la rudesse du bitume glacé, par les lumières sporadiques et blafardes du port, la catin manque de ravaler des larmes de désespoir. Angelo en prise avec le dogme du travail bien fait, n’a guère le temps de s’emporter d’avantage lorsque l’un de ses hommes s’avance d’une confiance toute relative, à son oreille afin d’en chuchoter les desseins avortés.

Le souffle glacé fendant sa lippe s'estompe dans le téléphone aussitôt dégainé. Le timbre, étonnement modulé par des intonations soudain plus sereines, interpelle par le professionnalisme débraillé de sa prise de position. « Riley ? On est au port. » L'implicite se greffe à ses paroles : nous venons de réceptionner une dizaine de filles et ça sent déjà pas bon. « Y a un problème avec la maison de passe pour ce soir. J'aurais besoin que tu nous dépannes cette nuit. Une cave, un cellier, un caniveau, j'm'en contre-fiche. Tant que ça suinte pas trop l'humidité et que ça n'abîme pas la cargaison. » Le marchand de sommeil a cet enclin à la réactivité nette et optimale. Ca en paraîtrait presque facile. Mais, lorsqu'il raccroche, Angelo tombe ses orbes brunes sur sa montre : 3h36. Une heure à peu près potable lorsqu'il s'agit d'esquiver les figures policières rôdant au hasard des abords de Los Angeles.

(c) DΛNDELION ;   @Riley Foster